Cette expression apparaît au XVIIIe siècle pour désigner un type de danse qui connaît un grand succès lors des Foires parisiennes et pendant les entractes des théâtres londoniens. On y présente alors des Entrées “dans le caractère du” paysan en sabots, du matelot hollandais, du Cosaque, du Polichinelle... Et on trouvera bientôt la Fricassée, l’Anglaise, la Gavotte, la Sabotière, l’Ecossaise... | ||||||||||||||||
“Musicien et comédien grotesques, détail - début XVIIIe s.
Châteaux de Versailles et de Trianon”,
in Le Tour du monde en 365 oeuvres d’art, Géo, éd. Play Bac,
Paris, 2003, 24 février.
Sous le Premier Empire ce répertoire va emprunter les pas savants de la contredanse en vogue à l’époque : le Quadrille où brillent des danseurs dont la virtuosité égale celle des professionnels.
À la chute de Napoléon, ce Quadrille aux pas savants passe de mode et les danses de caractères, tout en étant encore pratiquées dans le civil, vont être progressivement adoptées par l’armée française, principalement dans les régiments d’infanterie. Jusqu’au milieu du siècle chaque aspirant au titre de prévôt ou de maître de danse va devoir prouver ses talents de créateur et, probablement, composer son propre répertoire : leçons de danse, pas d’été, Gavotte, Anglaise, Matelotte, Cosaque, Pas Grecs, Paysanne, Polichinelle, Sabotière, Ecossaise, Filles de Marbre, Fricassée, Quadrille des Maîtres, Espagnolette, etc.
L’apprentissage se fait alors conjointement à celui de la boxe française, du bâton, de la canne, de l'escrime, du sabre. Les brevets de prévôt et de maître sont délivrés au cours d’épreuves appelées Assauts de danse, canne, chausson... Peu à peu l’Anglaise semble l’emporter comme danse de maîtres sur la Gavotte, qui est réduite à servir aux prévôts.
Pendant une grande partie du XIXe siècle des gens d’origine modeste, simples hommes de troupe pour la plupart, vont donc revenir de leur période militaire avec ces titres glorieux de prévôt ou de maître de danse, concrétisés par de magnifiques brevets sur lesquels un parterre d’officiers et de bourgeois assiste aux évolutions chorégraphiques d’un élégant officier. | ||||||||||||||||
Rentrés chez eux, ces nouveaux brevetés vont bien souvent enseigner autour d’eux ce répertoire à un public de jeunes passionnés. Des implantations durables de ce type de répertoire se feront notamment au Pays Basque (province de la Soule), dans la Basse Vallée de la Loire (de Blois jusqu’à Nantes, en remontant jusqu’au sud-Sarthe et au Mans), dans la région toulonnaise ainsi que dans la Basse Vallée du Rhône (principalement dans le département du Gard).
GUILCHER Hélène et Jean-Michel, “L’Enseignement militaire de la danse et les traditions populaires”, in Approches de nos traditions orales, Maisonneuve et Larose, Paris, 1970, pp. 273 à 328.
GUILLARD Yves, Le Quadrille tel qu'il se dansait à ses origines, La Fricassée, Le Mans, 1988.
Danse et Sociabilité, les Sociétés Chorégraphiques dans l’Ouest de la France, thèse E.H.E.S.S., Toulouse, 1995, (non publié).
Danse et Sociabilité, les danses de caractères, l’Harmattan, Paris, 1997.
“État actuel des recherches sur les danses de caractères dans le domaine français”, in Ethnologie Française, 1997, 2., Armand-Colin, Paris, pp. 234 à 243.
Les Points de principe souletins dans l’ouvrage de J.-M. Guilcher, A.R.È.S., Le Mans, 1997.
LANCELOT Francine, Les Sociétés de Farandole en Provence et Languedoc, thèse du 3e cycle EPHE, Paris, 1973, publié en 2000 par A.R.È.S., Le Mans.
VIALE Magali, Les Brevets de danse dans le Sud-Est de la France, maîtrise d’histoire, Nice, 2002, publié en 2003 par A.R.È.S., Le Mans. | ||||||||||||||||